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La peur de la mort

Dernière mise à jour : 7 juin 2019







" Une chose effrayante, si on la regarde telle qu'elle est, devient un poème" Natsume soseki

"La mort c'est l'inconnu, l'abandon, le vide, l' absence de contrôle"


Tout clinicien se confronte régulièrement à la peur de la mort. Celle-ci est un motif de consultation récurrent, notemment quand elle en vient à obséder la conscience, à paralyser l'individu, entraînant ainsi de grandes souffrances.


En réalité, il s'agit rarement d'une peur mais d'une angoisse de mort.


Peur et angoisse


La peur (fonction biologique bien utile) correspond à une réaction face à une situation précise, à un danger imminent. Une personne confrontée à la mort, dans une situation de deuil ou de maladie grave par exemple, aura potentiellement peur... Accompagnement du patient, travail de deuil sont les deux axes principaux dans ce cas de figure. Peut être un prochain article pour les approfondir.


Mais quand l'individu est visiblement en bonne santé physique ou n'a pas récemment perdu un proche, la situation est tout à fait différente. Il s'agit d'une pensée obsédante qui cache quelque chose d'autre.

Nous entrons là dans le domaine bien connu de l'angoisse, des psychonévroses et de l'inconscient...


Pour bien comprendre l'angoisse de mort, il faut dissocier l'angoisse qui est un affect de la mort qui est une représentation.


l'affect c'est le ressenti, la sensation.

La représentation est l'idée que l'on s'en fait, l'image que l'on met sur l'affect.



Représentation de remplaçement


En tant que représentation, la mort n'est qu'une substitution de "quelque chose d'autre", d'une autre représentation originelle qui a été refoulée, c'est à dire qui a été écartée de la conscience. Le problème c'est que l'affect, lui, est toujours présent et a donc choisi une autre représentation, un masque, afin de s'exprimer. Dans ce cas le masque c'est donc l'angoisse de la mort, qui s'exprime de manière obsessionnelle.


Dans d'autres cas il peut s'agir d'autres représentations substitutives comme les araignées par exemple (les phobies) etc,etc..


Mais pourquoi telle ou telle représentation ?


Cette question très intéressante nous éloignerait de l'objectif de cet article volontairement très schématique. Ici entre en compte l'histoire individuelle (ontogénétique) et l'histoire de l'éspèce humaine (phylogénétique), mais nous pouvons tout de même dire que dans ces cas là, la mort est liée symboliquement par ressemblance à la representation originelle refoulée : la perte, l'inconnu, le vide, l'absence de contrôle etc ...


Dans le cas des araignées il s'agira peut être d'un problèmatique liée à une relation toxique dans laquelle l'individu se sent emprisonné par exemple.

Chaque représentation de substitution correspond aux associations de chacun.


La représentation originelle


Quelle est-elle cette représentation originelle refoulée ? Pourquoi ce refoulement et cette substitution de l'image de la mort ?


Toutes ces questions sont justement l'objet de la psychothérapie. Bien souvent il s'agit d'anciens conflits non réglés et devenus problématiques à un moment de la vie.


L'objectif est de retrouver cette représentation originelle inconsciente et de "rejouer" sereinement ce conflit non dépassé avec de nouveaux outils, une nouvelle perception plus adaptée. Le patient pourra ainsi donner du sens à cette angoisse flottante , à l'affect, et donc se débarasser de schéma obsessionnelle stérile et épuisant.


Le problème majeur que nous rencontrons c'est que, paradoxalement, l'individu en souffrance veut à la fois dépasser son angoisse et en même temps redoute ce qui se cache dans son inconscient. Oui l'inconscient fait peur.... mais c'est simplement parce qu'il est inconscient. A vrai dire, c'est justement parce qu'il fait peur qu'il est inconscient et donc refoulé. Apprenons plutôt à l'écouter et en faire notre allié.

C'est peut être cela l'aventure de la vie : devenir un tout, une unité. Et chaque moment difficile à traverser est en même temps une occasion pour accomplir cette unité : l'individuation.


Voici une merveilleuse phrase d'un écrivain japonais Natsume Soseki : "Une chose effrayante, si on la regarde telle qu'elle est, devient un poème".


Rien ne résume mieux notre expérience...




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